À tâtons
Esquisse, exploration, début d’histoire.
Théklas quitta la scène sous les huées. On le bouscula, on le moqua. Il perdit son carnet et son stylo. Une bagarre éclata. Évidemment, il n’était pas de taille, lui le gringalet, poète à ses heures perdues. Il termina dans le caniveau le nez en sang. Plié en deux, il chercha quelque chose à tâtons. Quoi ? Il ne savait pas trop. Ses poèmes, qu’on lui avait jetés à la figure ? Sa dignité ?
« Tenez », dit une voix.
Un homme lui tendait un mouchoir.
Théklas le remercia.
« Vos poèmes ne valent rien, dit l’inconnu.
— Je sais.
— Alors pourquoi vous acharnez-vous ?
— Parce que je n’ai rien d’autre dans ma vie.
— À votre place, je n’en serais pas si sûr. »
L’homme l’aida à se relever.
« Ça fait longtemps que je vous cherche, Monsieur Théklas »
© Emilie le Garben