Challenge #4 - La méthode SCRUM
La méthode SCRUM ou méthode Agile est un cadre de gestion de projet favorisant l'adaptabilité et la collaboration en cycles itératifs, permettant des ajustements continus selon les retours des utilisateurs et les évolutions du projet. SCRUM est une des méthodologies Agile les plus utilisées, structurée autour de sprints courts et d’équipes auto-organisées, avec des rôles définis (Scrum Master, Product Owner, équipe de développement) pour maximiser l'efficacité et la transparence.
Dans le cadre d’un atelier, nous nous sommes amusés à la transposer à l’écriture. Spoiler: cela fonctionne très bien!
Cahier des charges # 1
Écrire un texte sous forme de sprint (10 minutes) qui remplira ces conditions :
- 2 personnages (un homme et une femme)
- Un dialogue
- Une description de lieu
Le wagon réservé par James se trouvait tout au bout du train. Elle se fraya un chemin dans les couloirs encombrés de malles, de sacs, de gens, en serrant sa valise contre elle.
Les numéros des compartiments n’étaient pas dans l’ordre. Finalement, après avoir traversé le salon de lecture et le restaurant, elle trouva le sien. Un employé vérifia son billet et lui ouvrit la porte. « Voilà ma petite dame ! Wagon premium-supérieur, avec cabinet de toilette, repose-masse-pied, sonnette et baie vitrée. »
Elle lui glissa une pièce, il fronça le nez. Manifestement, il s’attendait à un billet.
James ne s’était pas moqué d’elle. La moquette était si profonde que ses bottines disparaissaient dedans. Les fauteuils de velours semblaient tellement moelleux avec leurs bourrelets ; la bibliothèque était magnifique, sur deux étages et de lourdes tentures masquaient les fenêtres.
Tout à coup, elle se figea. Un homme se tenait près de la table de billard.
« Je… il doit y avoir une erreur, s’exclama-t-elle.
— Je ne crois pas.
— J’ai réservé.
— Moi aussi. »
Cahier des charges # 2
Le texte doit être modifié et complété (toujours sous forme de sprint, 10 minutes).
Il comprendra impérativement :
- Un jeu de mots
- Le personnage féminin s’appelle Florence
- Une description détaillée de l’un des personnages
- Un moyen de locomotion qui tombe en panne
- Un animal
- Une surprise
Le wagon réservé par James se trouvait tout au bout du train. Florence se fraya un chemin dans les couloirs encombrés de malles, de sacs, de gens, et d’animaux bizarres enfermés dans des cages.
Les numéros des compartiments n’étaient pas dans l’ordre. Finalement, après avoir traversé le salon de lecture et le restaurant, elle trouva le sien. Un employé vérifia son billet et lui ouvrit la porte. « Voilà ma petite dame ! Wagon premium-supérieur, avec cabinet de toilette, repose-masse-pied, sonnette, baie vitrée et plus si affinité. »
Elle lui glissa une pièce, il fronça le nez. Manifestement, il s’attendait à un billet.
James ne s’était pas moqué d’elle. La moquette était si profonde que ses bottines disparaissaient dedans. Les fauteuils de velours rouge semblaient tellement moelleux avec leurs bourrelets ; la bibliothèque était magnifique, sur deux étages et de lourdes tentures masquaient les fenêtres.
Tout à coup, elle se figea. Un homme se tenait près de la table de billard. Il portait une redingote boutonnée jusque sous le menton. Ses joues étaient marbrées de plaques d’acné suintantes. Son chapeau, enfoncé sur le crâne, laissait deviner qu’il avait le cheveu gras et rare.
« Je… il doit y avoir une erreur, s’exclama-t-elle.
— Je ne crois pas.
— J’ai réservé.
— Moi aussi.
— Auriez-vous l’obligeance de me montrer votre billet ? »
Il claqua des talons et lui tendit un petit bout de papier pâle. C’était vrai : la date et le numéro de compartiment étaient exacts. Il disait la vérité.
« Comment est-ce possible ? Je croyais que je serais seule pendant ce voyage.
— Vous auriez pu l’être si vous aviez acheté un billet privatif. Voyez le bon côté des choses : nous nous partageons les frais. »
Florence hocha la tête. Elle commençait à comprendre. James n’avait pas fait de folie pour elle. D’ailleurs, ça ne lui aurait pas ressemblé.
La locomotive poussa un profond soupir, suivie d’une série de toussotements. Dans le wagon, les lumières s’éteignirent.
« Mmmh… murmura l’étranger, il est possible qu’aujourd’hui nous n’allions nulle part. »
Cahier des charges # 3
Dernière modification du texte, toujours sous forme de sprint, 10 minutes. Il contiendra impérativement les éléments suivants :
- Les deux personnages sont des femmes, finalement.
- Ajouter un nouveau personnage de plus de 50 ans
- Un combat
- Un souvenir
- Une information sur la météo
- Un dialogue interrompu
- Florence doit caresser un animal
- Une chute ou une fin
Le wagon réservé par James se trouvait tout au bout du train. Florence se fraya une chemin dans les couloirs encombrés de malles, de sacs, de gens, et d’animaux enfermés dans des cages. Elle caressa un chiot qui avait l’air un peu perdu et serra sa valise contre elle.
Les numéros des compartiments n’étaient pas dans l’ordre. Finalement, après avoir traversé le salon de lecture et le restaurant, elle trouva le sien. Un employé vérifia son billet et lui ouvrit la porte. « Voilà ma petite dame ! Wagon premium- supérieur, avec cabinet de toilette, repose-masse-pied, sonnette, baie vitrée et plus si affinité. »
Elle lui glissa une pièce, il fronça le nez. Manifestement, il s’attendait à un billet.
Elle sourit en pensant à ce vieux James. S’il avait été encore vivant, elle lui aurait dit merci. La moquette était si profonde que ses bottines disparaissaient dedans. Les fauteuils de velours rouge semblaient tellement moelleux avec leurs bourrelets ; la bibliothèque était magnifique, sur deux étages et de lourdes tentures masquaient les fenêtres contre lesquelles battait la pluie.
Tout à coup, elle se figea. Une femme se tenait près de la table de billard. Elle portait une redingote boutonnée jusque sous le menton. Ses joues étaient marbrées de plaques d’acné suintantes. Son chapeau, enfoncé sur le crâne, laissait deviner qu’elle avait le cheveu gras et rare.
« Je… il doit y avoir une erreur, s’exclama-t-elle.
— Je ne crois pas.
— J’ai réservé.
— Moi aussi.
— Auriez-vous l’obligeance de me montrer votre billet ? »
Elle claqua des talons et lui tendit un petit bout de papier pâle. C’était vrai : la date et le numéro de compartiment étaient exacts. Elle disait la vérité.
« Comment est-ce possible ? Je croyais que je serais seule pendant ce voyage.
— Vous auriez pu l’être si vous aviez acheté un billet privatif. Voyez le bon côté des choses : nous nous partageons les frais. »
Florence hocha la tête. Elle commençait à comprendre. James n’avait pas fait de folie pour elle. D’ailleurs, ça ne lui aurait pas ressemblé.
La locomotive poussa un profond soupir, suivie d’une série de toussotements. Dans le wagon, les lumières s’éteignirent.
« Mmmh… murmura Florence. Il est possible qu’aujourd’hui nous n’allions nulle part. »
La lumière ne revenait toujours pas. Tout à coup, Florence sentit des doigts serrer sa gorge. Elle paniqua, se débattit, envoya des coups là où elle pouvait.
La lumière revint.
Un homme… c’était un homme grisonnant… qui tentait de l’étrangler. Aucune idée d’où il sortait, ce n’était pas le moment de réfléchir. Florence lui planta les doigts dans les yeux. L’étrangère fracassa une carafe à whisky sur la tête de l’agresseur, qui s’effondra.
« Merci… souffla Florence.
— Y a pas de quoi, répondit la femme.
— Qu’est-ce qui s’est passé, comment cela a pu…
— Chut ! «
Elles tendirent l’oreille. La locomotive. C’était juste la locomotive qui se mettait en marche.
« C’est la première fois que cela vous arrive ? demanda la femme.
— Oui, balbutia Florence.
— Vous vous habituerez.
— Quoi ? Pardon ? »
L’inconnue ne se donna pas la peine de répondre. Elle désigna du menton le corps de l’homme. Ce n’était plus qu’une flaque sombre, qui disparaissait peu à peu, absorbée dans la moquette.
© Emilie le Garben