Hommage à Georges Perec

Variations sur un texte

Texte initial : « Tout à l’heure, en montant dans le tramway, je me suis retrouvé coincé entre les portes qui se refermaient. Impossible de me libérer. Les gens ont essayé de les écarter. Rien à faire. Finalement, c’est une dame aveugle qui m’a secouru en actionnant l’ouverture avec sa canne. »

Variation : positive

Tout à l’heure, en voulant gravir sportivement les trois marches du tramway, je me suis retrouvé injustement coincé entre les portes qui se fermaient. Malgré mon avantageuse musculature, impossible de me libérer. Les gens ont accouru, affolés de me voir broyé ainsi. Mais moi-même n’arrivant pas à ouvrir les portes, eux y parvinrent encore moins. Finalement, une bienfaitrice au grand cœur et aveugle de surcroît me porta secours à point nommé en actionnant héroïquement l’ouverture du bout de sa canne.

Variation : misanthrope

Comme tous les soirs, en essayant de me frayer un chemin dans cette foule insupportable, je me suis retrouvé coincé par ces saloperies de portes qui se refermaient. Et puis coincé, coincé du genre, bien. Impossible de me libérer. J’ai gueulé, insulté le conducteur, et vous pensez que quelqu’un me serait venu en aide ? Enfin si : un ou deux idiots se sont approchés pour se donner bonne conscience, mais ces lavettes n’ont pas réussi à me dégager. Finalement, c’est une vioque, bonne pour l’asile, myope comme un pot, qui a actionné l’ouverture par erreur avec sa canne. C’était pas trop tôt.

Variation : avec le sens du détail

À 19 h 41, sur le quai numéro 4, ligne 18, les portes se referment au moment où je monte. Je me retrouve coincé. Me libérer est impossible. Trois autres passagers, un homme d’une vingtaine d’années, une femme aux cheveux noirs avec un piercing dans le nez et sa compagne essayent de m’aider, mais il n’y a rien à faire. Finalement, je suis libéré grâce à l’intervention d’une personne souffrant d’une déficience visuelle au moment où le bout de sa canne traverse la barrière lumineuse.

© Emilie Le Garben

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